mercredi 2 septembre 2009

Pour ou contre les OGMs ?

Les Organismes Génétiquement Modifiés (OGMs) sont le produit de manipulations du génome de plantes le plus souvent, pour obtenir de nouvelles variétés ayant un meilleur rendement, une plus grande résistance à la sécheresse, aux insectes, ou bien toute autre qualité qu'un scientifique ou une entreprise de biotechnologie trouve intéressante. Ces techniques de manipulation du génome sont utilisées quotidiennement par des scientifiques comme Mathilde, sauf qu'après ces scientifiques ne relâchent pas leurs créations dans la nature, et donc en général personne ne vient les embêter dans leurs labos.

Le problème avec les OGMs lorsqu'ils sont relâchés dans la nature, c'est qu'on ne sait pas très bien prédire les conséquences que va entraîner l'introduction de cet OGM dans un environnement pré-existant. D'une part, les nouvelles caractéristiques de l'organisme peuvent déséquilibrer l'écologie du milieu, en faisant disparaître un groupe d'insectes particulier par exemple, ce qui peut avoir des conséquences fâcheuses pour l'écosystème en entier. D'autre part, le gène intégré dans le génome de l'OGM pourrait se transmettre de cet OGM à d'autres plantes sauvages, ce qui là-encore pourrait modifier le milieu de façon importante.

Aujourd'hui je vais parler d'un article qui vient de paraître dans PNAS, une revue scientifique très ancienne et donc assez prestigieuse (mais de qualité variable). Dans cet article, les auteurs présentent le résultat de manipulations du génome du maïs. Leur but est de diminuer la sensibilité du maïs à des coléoptères qui ont la fâcheuse tendance de pondre leur larve dans les racines de la plante. Le maïs nord-américain est très sensible à ces coléoptères, alors que d'autres sortes de maïs, plus sauvages, moins utilisés en culture intensive parce que moins productifs, y sont beaucoup moins sensibles. La raison est que le maïs américain a été sélectionné pendant de nombreuses années, par des générations d'agriculteurs, dont l'objectif principal était d'obtenir des plantes offrant toujours plus de graines. Cette sélection intensive a été couronnée de succès, puisque les plants de maïs utilisés aujourd'hui ont un bien meilleur rendement que leurs cousins sauvages. Ce faisant, néanmoins, des caractéristiques ancestrales ont été perdues. Et précisément, parmi ces caractéristiques, le gène permettant de résister aux coléoptères.

Ce gène est connu, et permet à la plante de produire une sorte d'hormone. C'est cette hormone qui permet à la plante de résister aux coléoptères : en effet, l'hormone est émise par la plante, et détectée par des petits vers, des nématodes. Les nématodes sont alors attirés vers cette plante. Or ces nématodes sont des parasites de coléoptère : la plante est donc protégée des coléoptères parce qu'elle émet une hormone qui attire des parasites de coléoptères.

Les auteurs de l'article qui m'intéresse ont donc eu l'idée d'aller chercher le gène permettant de produire l'hormone, et l'ont réintroduit dans le maïs super-productif qu'on utilise aujourd'hui. Résultat: le maïs OGM ainsi produit attire les nématodes en quantité, et la quantité de coléoptères infectant les racines de ce maïs est inférieure de 60% par rapport au nombre de coléoptères trouvés dans le maïs super-productif mais non-OGM.

Cet OGM paraît assez propre : en effet, le gène introduit est déjà trouvé dans plusieurs sortes de céréales, et dans plusieurs variétés de maïs. Il est donc d'une certaine façon assez "naturel", et sa réintroduction dans un milieu pourrait ne pas trop bouleverser l'écosystème, puisqu'il est très possible qu'on l'y trouve déjà dans d'autres plantes sauvages. Ensuite la lutte contre les méchants coléoptères se fait au moyen de nématodes, d'autres organismes vivants, et non au moyen de molécules chimiques qui peuvent polluer les nappes phréatiques par exemple.

Bref, entre cet OGM-là et la pulvérisation massive de pesticides, je pense qu'il est au moins permis d'hésiter. Pour moi cet exemple montre qu'il est difficile d'avoir un avis absolu sur les OGMs : il faut les examiner au cas par cas, faire des expériences pour analyser ce qu'entraîne l'utilisation d'un OGM particulier sur un milieu particulier, et pour examiner son inocuité pour la consommation. A priori, cet OGM-là ne m'apparaît pas comme trop néfaste, mais il est encore trop tôt pour en être convaincu.

La conclusion de tout cela est la suivante : la prochaine fois que lors d'un repas on parle d'OGM, si un camp dit "Jamais de la vie !", et l'autre camp dit "Partout et tout de suite", essayez d'être plus nuancé.

3 commentaires:

emilie a dit…

bref on ferme sa gueule !

BasMati a dit…

Exactement. Mon objectif en postant ce message était d'instruire les masses laborieuses juste assez pour qu'elles n'osent plus donner leur avis. De cette façon, elles laisseront les gentils chercheurs faire ce qu'ils veulent dans leurs laboratoires (puis dans les assiettes des masses laborieuses).

père vénéré a dit…

il doit être possible de relier la réflexion sur les cellules souches et les organismes modifiés...au service de la santé des coléoptères certes mais aussi de leurs cousins mammifères...bougez vous les scientifiques....Bien que le transgénique ou pas soit une vraie saloperie pour les réserves d'eau potable de la planète